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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 16:29
La lampe sur le lampadaire

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407), prêtre à Antioche puis évêque de Constantinople, docteur de l'Église
Homélies sur l'évangile de Matthieu, n°15 (trad. Véricel, L’Évangile commenté, p. 113)

« On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. » Par ces paroles, Jésus incite ses disciples à mener une vie irréprochable, en leur conseillant de veiller constamment sur eux-mêmes, puisqu'ils sont placés sous les yeux de tous les hommes, comme des athlètes dans un stade vus de tout l'univers (1Co 4,9).


Il leur déclare : « Ne vous dites pas : ‘ Nous pouvons maintenant rester assis tranquilles, nous sommes cachés dans un petit coin du monde ’, car vous serez visibles à tous les hommes, comme une ville située au sommet d'une montagne (Mt 5,14), comme dans la maison une lumière qu'on a mise sur le lampadaire... Moi, j'ai allumé la lumière de votre flambeau mais c’est à vous de l’entretenir, non seulement pour votre avantage personnel, mais encore dans l’intérêt de tous ceux qui l'apercevront et seront, par elle, conduits à la vérité. Les pires méchancetés ne pourront pas jeter une ombre sur votre lumière, si vous vivez dans la vigilance de ceux qui sont appelés à amener au bien le monde entier. Que votre vie donc réponde à la sainteté de votre ministère, pour que la grâce de Dieu soit partout annoncée. »

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14 septembre 2014 7 14 /09 /septembre /2014 17:05
« Pour que, par lui, le monde soit sauvé »

ainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre, copatronne de l'Europe
Poésie « Signum Crucis », 16/11/1937 (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p. 65)

…Devenu homme par amour des hommes,

Il fit don de la plénitude de sa vie humaine

aux âmes qu’Il s’est choisies.

Lui qui a formé chaque cœur humain

veut un jour manifester

le sens secret de l’être de chacun

par un nom nouveau que seul comprend celui qui le reçoit (Ap 2,17).

Il s’est uni chacun des élus

d’une manière mystérieuse et unique.

Puisant de la plénitude de sa vie humaine,

Il nous fit don

de la croix.


Qu’est-ce que la croix ?

Le signe du plus grand opprobre.

Celui qui entre en contact avec elle

est rejeté d’entre les hommes.

Ceux qui un jour L’ont acclamé

se détournent de Lui avec effroi et ne Le connaissent plus.

Il est livré sans défense à ses ennemis.

Sur terre il ne lui reste rien d’autre

que les souffrances, les tourments et la mort.


Qu’est-ce que la croix ?

Le signe qui indique le ciel.

Bien au-dessus de la poussière et des brumes d’ici-bas

elle se dresse haut, jusqu’en la pure lumière.

Abandonne donc ce que les hommes peuvent prendre,

ouvre les mains, serre-toi contre la croix :

elle te porte alors

jusqu’en la lumière éternelle.


Lève les yeux vers la croix :

elle étend ses poutres

à la manière d’un homme qui ouvre les bras

pour accueillir le monde entier.

Venez tous, vous qui peinez sous le poids du fardeau (Mt 11,28)

et vous aussi qui n’avez qu’un cri, sur la croix avec Lui.

Elle est l’image du Dieu qui, crucifié, devint livide.

Elle s’élève de la terre jusqu’au ciel,

comme Celui qui est monté au ciel

et voudrait nous y emporter tous ensemble avec Lui.


Enlace seulement la croix, et tu le possèdes, Lui,

le Chemin, la Vérité, la Vie (Jn 14,6).

Si tu portes ta croix, c’est elle qui te portera,

elle te sera béatitude.

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 14:25
Voir en toute personne un frère, une sœur

Se préparer à la messe du dimanche 7 septembre

23e dimanche du temps ordinaire

Livre du livre d’Ézéchiel 33, 7-9 : « Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. »

Lettre de saint Paul aux Romains 13, 8-10 : « L’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour. »

Évangile selon saint Matthieu 18, 15-20 : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

Méditation de l’Évangile :

« Qu’est-ce que la Loi, au sens biblique du mot, sinon ce qui doit déterminer nos comportements, nos façons d’agir, nos choix ?

Elle est déjà parole de Dieu, Parole créatrice puisqu’elle nous permet de nous construire à l’image et ressemblance de Dieu, c’est-à-dire à notre seule manière d’exister réellement. Elle balise le chemin que nous avons à parcourir, elle précise les limites à ne pas franchir sous peine de sortir de la route libératrice qui nous conduit à notre achèvement […]. La Loi nous dit de ne pas faire aux autres ceci ou cela, mais que faut-il faire ? Elle ne le dit pas car cela est commandé par l’amour, cet amour qui parachève notre ressemblance à Dieu et nous transporte au-delà du prescrit : l’amour ne se commande pas.

Ainsi, la Loi trouve son accomplissement et son dépassement dans l’amour. Tout cela nous est répété dans la seconde lecture, qui nous invite à comprendre que le seul chemin pour nous aimer nous-mêmes est l’amour des autres, car c’est par là que nous nous mettons à exister pour de bon. Paradoxe : Jésus nous a révélé que l’amour en sa perfection consiste à donner notre chair et notre sang, tout ce qui fait de nous des humains, et que ce don est justement ce qui nous sauve : seul est sauvé ce qui est donné. Prenons conscience de notre responsabilité : Dieu ne fait rien sans passer par notre liberté ; ce que nous lions sur la terre, et "lier" peut signifier unir ou enchaîner, se trouve lié "dans le ciel", c’est-à-dire en Dieu. Ce que nous "délions", c’est-à-dire ce que nous libérons ou au contraire abandonnons, se trouve délié en Dieu […]. »

Extraits d’une homélie du père Marcel Domergue, jésuite, rédacteur des Cahiers Croire.

Prière :

« Le Christ en l’intime, dans l’Église, vit en nos manques, et agit ;

comme sentinelle, le prêtre m’éclaire, est espace de bienveillance ;

son Espérance rend claire la Parole, vivante la Liturgie ;

Elle me remet mes fautes, m’appelle à l’amour, à la vaillance. »

Franck Widro, Pèlerinage intérieur, éd. Téqui.

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22 août 2014 5 22 /08 /août /2014 17:22
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur »

aint François d'Assise (1182-1226), fondateur des Frères mineurs
Première Règle, § 23 (trad. Desbonnets et Vorreux, Documents, p. 80)

Aimons tous le Seigneur Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de tout notre pouvoir et courage, de toute notre intelligence, de toutes nos forces, de tout notre effort, de toute notre affection, de toutes nos entrailles, de tous nos désirs, de toutes nos volontés. Il nous a donné et nous donne à tous le corps, l’âme et la vie ; il nous a créés et rachetés ; il nous sauvera par sa seule miséricorde ; malgré nos faiblesses et nos misères, notre avilissement et nos hontes, nos ingratitudes et notre méchanceté, il ne nous a fait et ne nous fait que du bien.

N’ayons donc d’autre désir, d’autre volonté, d’autre plaisir et d’autre joie que notre Créateur, Rédempteur et Sauveur, le seul vrai Dieu, qui est le bien plénier, entier, total, vrai et souverain ; qui seul est bon, miséricordieux et aimable, indulgent et doux ; qui seul est saint, juste, vrai et droit ; qui seul est bienveillant, innocent et pur ; de qui, par qui et en qui est tout pardon, toute grâce et toute gloire pour tous les pénitents et les justes sur la terre et pour tous les bienheureux qui se réjouissent avec lui dans le ciel.

Désormais donc, plus d’obstacle, plus de barrière, plus d’écran ! Partout, en tout lieu, à toute heure et en tout temps, chaque jour et sans discontinuer, tous, croyons d’une foi humble et vraie, gardons dans notre cœur, sachons aimer, honorer, adorer, servir, louer et bénir, glorifier et célébrer, magnifier et remercier le très haut souverain Dieu éternel, Trinité et unité, Père, Fils et Saint Esprit.


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17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 10:45
« Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David »

Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148), moine bénédictin puis cistercien
Oraisons méditatives, n° 2 (trad. cf Pain de Cîteaux 21 et SC 324, p. 55)

Parfois, Seigneur, je te sens passer, tu ne t'arrêtes pas pour moi, tu me dépasses, mais je crie vers toi comme la Cananéenne. Vais-je donc encore oser m'approcher de toi ? Bien sûr, car les petits chiens chassés de la maison de leur maître continuent à revenir, et veillant à la garde de la maison, ils reçoivent leur pain chaque jour. Chassé, me voilà donc encore ; mis à la porte, je crie ; malmené, je supplie. Comme les petits chiens ne peuvent pas vivre loin des hommes, pas davantage mon âme loin de mon Dieu !


Ouvre-moi, Seigneur. Que j'arrive jusqu'à toi pour être inondé de ta lumière. Toi, tu habites dans les cieux, tu t'es caché dans les ténèbres, dans la nuée obscure. Comme dit le prophète : « Tu t'es enveloppé d'un nuage pour que la prière ne passe pas » (Lm 3,44). Je croupis sur la terre, le cœur comme dans un bourbier... Tes étoiles ne luisent plus pour moi, le soleil s'est obscurci, la lune ne donne plus sa lumière. J'entends bien chanter tes hauts faits dans les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels ; dans l'Évangile tes paroles et tes gestes resplendissent de lumière ; les exemples de tes serviteurs..., les menaces et les promesses de tes Écritures de vérité s'imposent à mes yeux et viennent frapper à la surdité de mes oreilles. Mais mon esprit s'est endurci ; j'ai appris à dormir face à la splendeur du soleil ; je me suis accoutumé à ne plus voir ce qui s'offre à moi ainsi...


Jusqu'à quand, Seigneur, jusqu'à quand tarderas-tu à déchirer tes cieux, à descendre pour venir secouer ma torpeur ? (Ps 12,2; Is 63,19) Que je ne sois plus ce que je suis..., que je me convertisse et que je revienne au moins vers le soir, comme un petit chien affamé. Je parcours ta cité ; elle pérégrine encore en partie sur terre, même si la majorité de ses habitants ont trouvé leur joie dans les cieux. Peut-être que j'y trouverai moi aussi ma demeure ?

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 19:57
FRANCHIR LE SEUIL DE LA FOI

Nous vivons l'Année de la Foi. Le 1er octobre 2012, le Cardinal Jorge Mario Bergoglio, l'archevêque de Buenos Aires adressa une belle lettre pastorale aux chrétiens de l'archidiocèse en les invitant à ouvrir les portes et franchir le seuil de la foi. Il partait de ce phénomène: «L'insécurité croissante nous amène, peu à peu, à fermer les portes, à mettre de moyens de vigilance, des caméras de sécurité et à se méfier de l'étranger qui frappe à notre porte. Cependant, il y a encore quelques villages qui gardent leurs portes ouvertes. La porte fermée est tout un symbole de l'aujourd'hui». Après con élection comme Pape, ce texte acquiert une signification spéciale. Le web de la Forge le propose comme une invitation a ne pas nous fermer dans nos sécurités et à nous ouvrir au risque de croire.

LETTRE PASTORALE

SUR L'ANNÉE DE LA FOI

Chers frères:

Parmi les plus fortes expériences des dernières décennies c'est celle de trouver des portes fermées. L'insécurité croissante a amené, peu à peu, à épaissir les portes, à mettre des moyens de surveillance,, des caméras de sécurité, à se méfier de l'étranger qui frappe a notre porte. Malgré cela, il y a, encore, des villages avec des portes ouvertes. La porte fermée est tout un symbole de notre aujourd'hui. C'est quelque chose au de-là d'une simple donnée sociologique; c'est une réalité existentielle qui façonne un style de vie, un mode de s'arrêter devant la réalité, devant les autres, devant l'avenir. La porte fermée de ma maison, qui est l'endroit de mon intimité, de mes rêves, de mes espoirs et de mes souffrances ainsi que de mes joies, est fermée aux autres. Et il ne s'agit pas seulement de ma maison matérielle, mais aussi de l'enceinte de ma vie, de mon cœur. Ils sont de moins en moins nombreux ceux qui peuvent franchir ce seuil. La sécurité de portes blindées protège l'insécurité d'une vie qui devient de plus en plus fragile et de moins et moins perméable aux richesses de la vie et de l'amour des autres.

L'image d'une porte ouverte a toujours été symbole de lumière, d'amitié, de joie, de liberté, de confiance. Combien nous avons besoin de les récupérer! La porte fermée nous blesse, nous ankylose, nous sépare. .

Nous entrons dans l'Année de la foi et, paradoxalement, l'image que le Pape nous propose c'est celle de la porte, une porte qu'il faut franchir si l'on veut trouver tout ce qui nous manque. L'Église, à travers de la voix et du cœur du Pasteur Benoît XVI, nous invite à franchir le seuil, à faire un pas de décision intérieure et libre: à nous décider à entrer dans une nouvelle vie.

La porte de la foi nous renvoie aux Actes des Apôtres: «À leur arrivée, ils se réunirent dans l'église, racontèrent tout ce que Dieu avait fait par eux et comment il avait ouvert la porte de la foi aux païens» (Ac 14,27). Dieu prend toujours l'initiative et ne veut que personne ne soit exclue. Dieu frappe à la porte de nos cœurs: Regarde, je suis à la porte et frappe; si quelqu'un écoute ma voix et ouvre sa porte, j'entrerai chez lui et mangerai avec lui et lui avec moi (Ap 3, 20). La foi est une grâce, un cadeau de Dieu. «La foi croît et se fortifie seulemet en croyant; dans un abandon continuel aux mains d'un amour que l'on expérimente toujours plus grand car il tient son origine en Dieu».

Franchir cette porte suppose entreprendre un chemin qui dure toute la vie au fur et à mesure que nous avançons devant tant de portes qui s'ouvrent à nous, aujourd'hui, à nous, beaucoup d'entr'elles des portes fausses, des portes qui invitent, d'une façon attirante mais mensongère, à prendre le chemin, qui promettent un bonheur vide, narcissiste et avec un date d'expiration; des portes qui nous mènent à des carrefours où, peu importe l'option que nous allons choisir, produiront, à courte ou longue échéance, de l'angoisse et de la confusion; des portes autoréférentielles qui, aujourd'hui, s'épuisent par elles-mêmes et sans garantie d'avenir. Pendant que les portes de maison restent fermées, celles de magasins restent toujours ouvertes. On franchit le seuil de la foi lorsque la Parole de Dieu est annoncée et le cœur se laisse façonner par la grâce qui le transforme. Une grâce qui porte un nom concret et ce nom c'est Jésus. Jésus est la porte (Juan 10:9) «Il, et Lui seul est et sera toujours, la porte. Personne ne va au Père si ce n'est pas par moi» (Jn 14, 6). Si le Christ n'est pas là, il n'y a pas du chemin vers Dieu. En tant que porte, il nous ouvre le chemin vers Dieu et, entant que Bon Pasteur, il est le seul à s'occuper de nous au coût de sa propre vie.

Jésus est la porte et il frappe à notre porte pour nous le laissions franchir le seuil de notre vie. N'ayez pas peur...Ouvrez-la tout grand au Christ, comme disait le Bienheureux Jean-Paul II au début de son pontificat. Ouvrez les portes de votre cœur comme les disciples d'Emmaüs, en lui demandant de rester avec nous, afin que nous puissions franchir les portes de la foi et que le Seigneur lui-même nous porte à comprendre les raisons de croire et sortir, après, l'annoncer. La foi suppose la décision de rester avec le Seigneur pour vivre avec lui et le partager avec les frères.

Rendons grâces à Dieu pour cette opportunité de valoriser notre vide de fils de Dieu, pour ce chemin de foi qui commença dans notre vie avec les eaux du Baptême, l'inépuisable et fécond rosée qui nous fait des fils de Dieu, membres frères dans l'Église. Le but ou la fin c'est la rencontre avec Dieu, avec qui nous sommes déjà rentrées en communion et qui veut nous restaurer, nous purifier, nous élever, nous sanctifier et nous donner le bonheur qui souhaite notre cœur.

Nous voulons rendre grâce à Dieu parce qu'il a semé au cœur de notre église archidiocésaine le désir de transmettre et accueillir à mains ouvertes le don du baptême. C'est le fruit d'un long cheminement commencé avec la question: Comment être église à Buenos Aires? passé du chemin d'État d'Assemblée à celui de Mission comme option pastorale permanente.

Commencer cette année de la foi c'est un nouvel appel à approfondir dans notre vie cette foi que nous avons reçue. Professer la foi avec la bouche implique la vivre dans le cœur et la montrer avec les œuvres: un témoignage et un engagement publiques. Le disciple du Christ, fils de l'Église, ne jamais penser que croire est un fait privé. C'est un défi important et fort de chaque jour, convaincus que celui qui a commencé avec vous la bonne œuvre, la perfectionnera jusqu'au jour de Jésus-Christ (Fil.1:6) En regardant notre réalité, en tant que disciples missionnaires, nous nous demandons: quel est le défi de franchir le seuil de la foi?

Franchir le seul de la foi nous lance un défi de découvrir que, même si, aujourd'hui, la mort dans ses diverses formes semble régner et que l'histoire se régit par la loi du plus fort ou astucieux et si la haine et l'ambition fonctionnent comme les moteurs de tant de luttes humaines, nous sommes aussi absolument convaincus que ce triste réalité peut et doit changer décidément, car «si Dieu est avec nous, qui pourrait quelque chose contre nous?» (Rm. 8:31,37)

Franchir le seuil de la foi suppose ne pas sentir de la honte d'avoir un cœur d'enfant, qui, parce qu'il croît encore en l'impossible, peut vivre dans l'espérance: la seule chose capable de donner du sens et transformer l'histoire. C'est demander sans cesse, prier sans défaillir et adorer pour que notre regard se transfigure.

Franchir le seuil de la foi nous porte à demander pour chacun de nous «les mêmes sentiments du Christ Jésus» (ph. 2, 5) et, ainsi, expérimenter une nouvelle façon de communiquer entre nous, de nous regarder, de nous respecter, d'être en famille, de planifier l'avenir, de vivre l'amour et la vocation.

Franchir le seuil de la foi c'est, confier en la force de l'Esprit Saint, présent dans l'Église et qui se manifeste aussi dans les signes du temps; c'est accompagner le mouvement incessant de la vie et de l'Histoire sans tomber dans défaitisme paralysant, comme si tout était mieux avant; c'est l'urgence de penser à nouveau, d'apporter du nouveau, pétrir la vie avec le «nouveau levain de la justice et de la sainteté» (1 Co 5:8)

Franchir le seuil de la foi implique avoir les yeux d'étonnement un cœur peu habitué , capable de reconnaître que chaque fois qu'une femme accouche d'un enfant on continue de parier pour la vie et pour l'avenir, que chaque fois que nous nous occupons de l'innocence des jeunes nous garantissons la vérité d'un lendemain et que quand nous cajolons la vie engagée d'un vieillard nous faisons un acte de justice et dorlotons nos racines.

Franchir le seuil de la foi c'est le travail vécu avec dignité et avec une vocation de service, avec le dévouement de celui que revient, encore et encore, sans relâcher, comme si tout n'était qu'un pas dans le chemin vers le royaume. C'est l'attente silencieuse après l'ensemencement quotidien; c'est contempler le fruit recueilli en rendant grâce au Seigneur, car il est bon et en demandant qu'il n'abandonne pas l'œuvre de ses mains (Ps 137)

Franchir le seuil de la foi exige lutter pou la liberté et la vie ensemble, même si l'entourage faillit à ses devoirs, dans la certitude que le Seigneur veut que nous pratiquions le droit, que nous aimions le bon et cheminions humblement avec notre Dieu ( Mi 6:8)

Franchir le seuil de la foi comporte la conversion continue de nos attitudes, de nos manières de nous comporter avec les autres avec qui nous vivons; reformuler, pas simplement rafistoler ou vernir, donner la nouvelle forme que Jésus Christ imprime à tout ce que sa main et son évangile de vie touche, nous encourager à faire quelque chose d'inédit pour la société et l'Église, car «Celui qui est dans le Christ et une créature nouvelle» (2 Co 5,17-21)

Franchir le seuil de la foi nous porte à pardonner et à savoir arracher un sourire, c'est s'approcher de celui qui vit dans le périphérie existentielle et l'appeler par son nom avec la certitude que ce que nous faisons pour le plus petit de nos frères c'est à Jésus lui-même que nous le faisons. (Mt. 25, 40)

Franchir le seuil de la foi suppose célébrer la vie, nous laisser transformer, car nous somme devenus un avec Jésus à la table de l'Eucharistie, célébrée en communauté, et ainsi être, avec notre cœur et nos mains, occupés à travailler dans le grand projet du Royaume; tout le reste nous sera donné par surcroît (Mt. 6.33)

Franchir le seuil de la foi c'est vivre dans l'Esprit du Concile et de l'Apparue; l'Église aux portes grand ouvertes, pas seulement pour recevoir, mais, fondamentalement, pour sortir et remplir de l'Évangile la rue et la vie des hommes de notre temps.

Franchir le seuil de la foi notre Église archidiocésaine, suppose nous sentir confirmés dans la Mission d'être une église qui vit, prie et travaille à partir d'une vision missionnaire.

Franchir le seuil de la foi c'est, en définitive, accepter la nouveauté de la vie du Ressuscité dans notre pauvre chair pour la rendre un signe de nouvelle vie.

Regardons Marie lorsque nous méditons ceci. Qu'Elle, la Mère Vierge, nous accompagne dans ce franchissement du seuil de la foi et apporte sur notre église de Buenos Aires l'Esprit Saint, comme à Nazareth, afin que, comme Elle, nous adorions le Seigneur et nous partions annoncer les merveilles dont il nous a comblés.

1er octobre 2012

Fête de Ste-Thérèse de l'Enfant Jésus

Card. Jorge Mario Bergoglio s.j.

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 15:06
 « Le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. »
Évangile selon saint Matthieu 13, 24-43

« L’évangile de Matthieu a regroupé ici trois paraboles de Jésus qui se rapportent toutes les trois au Royaume des cieux, ce Royaume que Jésus est venu instaurer sur terre. C’est le Royaume qui sera pleinement réalisé à la fin des temps, mais qui est déjà présent et en croissance. Et précisément, une caractéristique du Royaume, que les trois paraboles, chacune à sa façon, met en lumière, c’est que ce Royaume, comme tout ce qui est créé, est soumis à une loi de croissance. Même le Fils de Dieu, lorsqu’il s’est incarné, s’est soumis à cette loi. L’Évangile ne dit-il pas qu’il croissait en âge et en sagesse devant Dieu et devant les hommes ?

Ces paraboles nous parlent du grain semé dans la terre, et qui germe lentement ; puis de la graine de moutarde, toute minuscule, mais d’où sort une plante assez importante, puis de la pincée de levain qu’une ménagère met dans trois grandes mesures de farine, et qui fait lever toute la pâte. […]

Une première leçon de l’Évangile que nous venons d’entendre est que la croissance prend du temps, et que chaque plante a son propre rythme de croissance. Ce n’est pas en tirant sur une fleur qu’on la fera grandir plus vite. Nous voudrions tout réaliser rapidement, presque instantanément, y compris notre propre conversion, et encore plus celle de nos sœurs ou de nos frères. Or, Dieu met un siècle et plus à faire croître un chêne. Et, heureusement pour nous, Dieu est aussi patient avec nous qu’il l’est avec le chêne.

Il y a en nous une semence de vie divine que Dieu a mise en chacun de nous lorsqu’il nous a créés à son image et lorsqu’il a insufflé dans les narines du premier homme son souffle de vie, selon l’image du livre de la Genèse. Parce que nous sommes créés à l’image de Dieu, parce qu’il nous a donné son Esprit, cet Esprit crée en nous une aspiration constante à une croissance continuelle. Nous sommes appelés à être toujours plus conformés à l’image du Christ. C’est en devenant conscient de cette aspiration et en la faisant nôtre que nous pouvons réaliser le précepte évangélique de prier sans cesse […].

Aucun d’entre nous ne peut espérer être capable d’imiter la patience du Christ, à moins d’être nourri de sa Parole et de son Pain. C’est pour cette raison que nous célébrons encore aujourd’hui l’Eucharistie, qui peut nourrir en nous les germes de vie. »

Extraits d’une homélie du père Armand Veilleux, moine trappiste de l’abbaye de La Clarté-Dieu, Bukavu, République Démocratique du Congo

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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 18:31
« Si je parle de paix, eux sont pour la guerre » (Ps 119,7)

Eusèbe de Césarée (v. 265-340), évêque, théologien, historien

Sur la parole du Seigneur : Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre ; PG 24, 1176 (trad. cf Orval)

Jésus est venu « tout réconcilier, dans les cieux et sur la terre, en faisant la paix » (Col 1,20). Si cela est vrai, comment pouvons-nous comprendre ce que le Sauveur dit lui-même dans l'Évangile : « Ne pensez pas que je suis venu apporter la paix sur la terre » ?... La paix pourrait-elle ne pas procurer la paix ?… Quand il a envoyé son Fils, le dessein de Dieu était de sauver les hommes. Et la mission qu'il devait accomplir était d'établir la paix au ciel et sur la terre. Pourquoi alors n'y a-t-il pas la paix ? C’est à cause de la faiblesse de ceux qui n'ont pas pu accueillir l'éclat de la lumière véritable (cf Jn 1,9-10). Le Christ proclame la paix ; c’est ce que dit l’apôtre Paul aussi : « Il est lui-même notre paix » (Ep 2,14), mais il s’agit de la paix seulement de ceux qui croient et qui l’accueillent. Telle fille a cru, mais son père est resté incroyant… : « quel partage peut-il y avoir entre un croyant et un non-croyant ? » (2Co 6,15) Le fils devient croyant, le père reste incrédule… : là où la paix est proclamée, la division s'installe… « Je proclame la paix, oui, mais la terre ne l’accueille pas. » Ce n'était pas le dessein du semeur, qui attendait le fruit de la terre.

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 14:14
Libres d’accueillir la Parole

Livre d’Isaïe 55, 10-11 : « Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat. »

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 18-23 : « La création aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu. »

Évangile selon saint Matthieu 13, 1-23 : « Voici que le semeur est sorti pour semer. »

Méditation de l’Évangile :

« Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus s’adresse à la foule avec la célèbre parabole du semeur. C’est une page en quelque sorte "autobiographique", parce qu’elle reflète l’expérience même de Jésus, de sa prédication : il s’identifie au semeur, qui sème la bonne semence de la Parole de Dieu, et il se rend compte des différents effets obtenus, selon le type d’accueil qui est réservé à cette annonce. Il y a ceux qui écoutent la Parole de façon superficielle mais ne l’accueillent pas ; il y a ceux qui l’accueillent sur le moment, mais qui ne sont pas constants et perdent tout ; il y a ceux qui se laissent dominer par les préoccupations et les séductions du monde ; et il y a ceux qui écoutent de façon réceptive comme la bonne terre : là, la Parole porte du fruit en abondance.

Mais cet Évangile insiste aussi sur la "méthode" de la prédication de Jésus, c’est-à-dire justement sur l’utilisation des paraboles. "Pourquoi leur parles-tu en paraboles?" demandent les disciples. Et Jésus répond en faisant une distinction entre eux et la foule : aux disciples, c’est-à-dire à ceux qui se sont déjà décidés pour lui, il peut parler du Royaume de Dieu ouvertement ; en revanche, aux autres, il doit l’annoncer en paraboles, justement pour stimuler leur décision, la conversion de leur cœur ; en effet, les paraboles, du fait de leur nature, requièrent un effort d’interprétation, interpellent l’intelligence, mais aussi la liberté. Saint Jean Chrysostome écrit : "Jésus a prononcé ces paroles dans l’intention d’attirer à lui ses auditeurs et de les stimuler en leur assurant que s’ils s’adressent à lui, il les guérira." (Commentaire de l’évangile de Matthieu, 45, 1-2). Au fond, la vraie "Parabole" de Dieu, c’est Jésus lui-même, sa personne qui, sous le signe de l’humanité, cache et en même temps révèle sa divinité. De cette façon, Dieu ne nous oblige pas à croire en lui, mais il nous attire à lui par la vérité et la bonté de son Fils incarné : l’amour, en effet, respecte toujours la liberté. »

Extraits d’une homélie du pape Benoît XVI, prononcée le dimanche 10 juillet 2011 au Palais apostolique de Castelgandolfo, Italie.

Prière :

« Dieu se donne ; je Le reçois en toute liberté, ardemment ;

j’ouvre mes heurs au Semeur et à sa Semence, à Jésus ;

Il m’a délivré des pierres et des ronces, m’a recousu ;

elles enfermaient ma foi ; je vis en la Joie du Firmament. »

Franck Widro, Pèlerinage intérieur, éd. Téqui.

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 19:14
DIMANCHE 6 JUILLET

Livre de Zacharie 9, 9-10 : « Voici ton roi qui vient vers toi ! »

Lettre de saint Paul aux Romains 8, 9.11-13 : « Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous. »

Évangile selon saint Matthieu 11, 25-30 : « Je suis doux et humble de cœur. »

L - Dominique Lefèvre, Séville

Méditation de l’Évangile :

« Tout m’a été confié par mon Père : c’est la situation d’où nous parle Jésus. Il est dans cette relation qui lui donne toute son assise personnelle. Quel est donc ce « tout » dont parle Jésus ? Un art, une manière d’être en relation… La louange est ce qui donne de regarder autrement chaque chose et chaque être, en les reliant à Celui qui les as créés, en les regardant sans aucun désir de possession, mais en mesurant combien ce qui est là m’est donné par un Autre. Le monde dès lors apparaît neuf, ruisselant de vie, se donnant, il n’est pas une ressource pour mon projet, mais un appel, un don pour tous, que je reçois… Tout m’apparaît comme possibilité de lien, de relation, tout m’est ainsi confié…

Tu l’as révélé aux tout-petits : Jésus vient au monde avec la seule conviction que tout lui a été confié, que tout est là pour faire lien avec le Père, il accepte d’être sans rien d’autre que cela, cette vision, cette attitude. Dès lors, tout ce qui lui arrive devient pour lui lieu de révélation, ouvre le champ d’un possible qui n’est pas tué par son propre pouvoir, forcément limité et en péril. Il trace donc, dans la vie des hommes, une nouvelle voie qui n’est pas obscurcie par le fait de posséder et d’être ainsi possédé par un pouvoir. Il est libre, il respire, rien ne l’enferme. Il peut toujours revenir à Celui qui lui a tout confié. C’est à cette attitude qu’il nous invite en nous proposant de venir à Lui.

Venez à moi : il nous propose d’être avec lui simplement. D’entrer dans son propre mouvement, de quitter à vrai dire ce qui nous prive du repos, ce qui nous inquiète, la peur de ne pas réussir, de ne pas obtenir… Pour cela, il nous offre sa manière de vivre, son joug. Le joug est ce qui donne à deux animaux de trait d’avancer ensemble sur le chemin, de conjuguer leurs forces. Il nous propose de marcher à côté de lui pour que nous aussi, nous puissions découvrir en nous celui qui vit vraiment, le « tout-petit » et non seulement « celui qui peut », qui écrase « celui qui veut et désire ». « Celui qui peut » risque tellement d’enfermer « celui qui veut » en chacun de nous. »

Extraits d’une homélie du père Jean-Luc Fabre, Jésuite à la communauté Monplaisir, Toulouse.

Prière :

« Dieu veut ouvrir mon être au Christ ; Il s’y nourrit, y repose ;

mon corps béant, désencombré, un passage vers l’homme nouveau ;

en Hostie offerte à un frère en errance, je me propose,

l’aide à panser son âme meurtrie ; l’amour enfin y prévaut. »

Franck Widro, Pèlerinage intérieur, éd. Téqui.

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