Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 16:32

saveur100725

 

 

 

 

 

Marc Leroy

 

1 Poème. D’Étân l’indigène.

2 L’amour de Yahvé à jamais je le chante,

d’âge en âge ma parole annonce ta vérité.

3 Car tu as dit : l’amour est bâti à jamais,

les cieux, tu fondes en eux ta vérité.

4 « J’ai fait une alliance avec mon élu,

j’ai juré à David mon serviteur :

5 À tout jamais j’ai fondé ta lignée,

je te bâtis d’âge en âge un trône. » Pause.

 

6 Les cieux rendent grâce pour ta merveille, Yahvé,

pour ta vérité, dans l’assemblée des saints.

7 Qui donc en les nues se compare à Yahvé,

s’égale à Yahvé parmi les fils des dieux ?

8 Dieu redoutable au conseil des saints,

grand et terrible à tout son entourage,

9 Yahvé, Dieu Sabaot, qui est comme toi ?

Yahvé puissant, que ta vérité entoure !

10 C’est toi qui maîtrises l’orgueil de la mer,

quand ses flots se soulèvent, c’est toi qui les apaises ;

11 c’est toi qui fendis Rahab comme un cadavre,

dispersas tes adversaires par ton bras puissant.

12 À toi le ciel, à toi aussi la terre,

le monde et son contenu, c’est toi qui les fondas ;

13 le nord et le midi, c’est toi qui les créas,

le Tabor et l’Hermon à ton nom crient de joie.

14 À toi ce bras et sa prouesse,

puissante est ta main, sublime est ta droite ;

15 Justice et Droit sont l’appui de ton trône,

Amour et Vérité marchent devant ta face.

16 Heureux le peuple qui sait l’acclamation !

Yahvé, à la clarté de ta face ils iront ;

17 en ton nom ils jubilent tout le jour,

en ta justice ils s’exaltent.

18 L’éclat de leur puissance, c’est toi,

dans ta faveur tu exaltes notre vigueur ;

19 car à Yahvé est notre bouclier ;

à lui, Saint d’Israël, est notre roi.

20 Jadis, en vision, tu as parlé

et tu as dit à tes fidèles :

« J’ai prêté assistance à un preux,

j’ai exalté un cadet de mon peuple.

21 J’ai trouvé David mon serviteur,

je l’ai oint de mon huile sainte ;

22 pour lui ma main sera ferme,

mon bras aussi le rendra fort.

23 L’adversaire ne pourra le tromper,

le pervers ne pourra l’accabler ;

24 j’écraserai devant lui ses oppresseurs

ses adversaires, je les frapperai.

25 Ma vérité et mon amour avec lui,

par mon nom s’exaltera sa vigueur ;

26 j’établirai sa main sur la mer

et sur les fleuves sa droite.

27 Il m’appellera : “Toi, mon père,

mon Dieu et le rocher de mon salut !”

28 si bien que j’en ferai l’aîné,

le très-haut sur les rois de la terre.

 

(Bible de Jérusalem)

Le Psaume 89 est le troisième psaume le plus long du Psautier après les Ps 119 et 78. Le plan du Psaume 89 est clair : vv. 2-3.4-5 : prélude ; vv. 6-15 : célébration de la puissance de Yahvé comme Créateur ; vv. 16-19 : transition ; vv. 20-28 : rappel de l’amour de Yahvé pour David ; vv. 29-38 : rappel de l’avertissement fait par Yahvé envers la dynastie de David ; vv. 39-46 : évocation des humiliations nationales ; vv. 47-52 : prière de conclusion ; v. 53 : doxologie.

Le Psaume 89 commence dans la joie qu’il y a à chanter l’amour de Dieu tel qu’il se manifeste dans la Création et dans l’Alliance avec David. Les vv. 2-5 annoncent ces deux thèmes qui seront développés respectivement aux vv. 6-15 et aux vv. 20-38. Mais à partir du v. 39, le Psaume 89 change complètement de perspective car Yahvé a abandonné son peuple et le roi descendant de David.

Nous sommes en présence d’un psaume de lamentation commune où l’on fait d’abord l’éloge de Dieu vis-à-vis du roi David qu’il a choisi et donc de sa bonté envers le peuple d’Israël pour lui avoir donné un tel roi ; puis, on se lamente de la façon dont Dieu a traité le roi davidique, le roi descendant de David, et plus généralement la façon dont Dieu a traité l’ensemble du peuple d’Israël.

Nous pouvons penser que le Psaume 89 fait référence à la chute de Jérusalem en 587 av. J.-C.. Le roi, descendant de David, à qui il fait référence serait ainsi Joiakîn, exilé en Babylonie en 597 av. J.-C..

vv. 1-5 : En 1 R 5,11, Étân et Hémân font partie d’un groupe de sages célèbres. Si le Ps 89 est attribué à Étân, le Ps 88 l’est à Héman. Le Psaume se poursuit en faisant référence aux deux actes de l’amour divin : la Création ; l’Alliance avec David.

Le psaume commence par un « Je », mais il faut reconnaître toute la communauté du peuple d’Israël derrière ce « Je ». Les versets 2 et 3 parlent de la Création comme étant une œuvre de l’amour de Dieu pour l’humanité alors que les versets 4 et 5 vont faire référence à l’Alliance de Yahvé avec David.

Au v. 4, nous avons quelqu’un d’autre qui prend la parole. C’est Dieu qui parle maintenant et qui fait référence à l’Alliance passée avec David (2 S 7 ; 1 Ch 17). Dieu a établi fermement le trône de David et de ses descendants sur le peuple d’Israël. Comme pour les Alliances avec Noé et Abraham, il ne s’agit pas d’un accord mutuel entre Yahvé et David. Nous avons l’impression que Dieu seul s’engage dans cette Alliance. David est appelé à la fois « élu » et « serviteur », c’est-à-dire qu’il y a en même temps des privilèges et des devoirs.

Il est intéressant de noter que si nous prenons le v. 3, qui parle de l’amour de Dieu pour la Création, et le v. 5, qui parle de l’Alliance entre Dieu et les descendants de David, nous avons les verbes « bâtir » et « fonder » qui apparaissent dans un ordre abb’a’.

 

vv. 6-15 : nous avons dans ces versets un hymne au Créateur. L’assemblée des saints, au v. 6, est en parallèle aux cieux. Il s’agit, selon la pensée des hommes du Proche-Orient ancien, de cette assemblée divine que Yahvé préside. On veut mettre en avant l’incomparabilité de Yahvé par rapport aux autres dieux. Les autres habitants des cieux, anges ou dieux, ne peuvent faire jeu égal avec Yahvé. Il est au-dessus du lot. Nous ne sommes pas du tout ici dans quelque chose qui ressemblerait à un polythéisme.

Au v. 9, Yahvé est présenté comme « Dieu Sabaot », c’est-à-dire « Dieu des armées », et nous devons comprendre que ces armées célestes sont constituées de tous les êtres célestes qui habitent les cieux et dont on a parlé dans les versets précédents.

Au v. 11, l’expression « c’est toi qui fendis Rahab » est un renvoi au combat mythique des origines contre le monstre marin Rahab, mais c’est aussi une allusion à la traversée de la mer Rouge. Les vv. 12-13 indiquent que Dieu est le propriétaire du cosmos, de tout ce qui est au ciel et sur la terre, tout simplement parce que c’est lui qui a tout créé. Le Tabor et l’Hermon sont cités ici car ce sont deux montagnes importantes. L’Hermon est plus haut (2814 m), mais se trouve loin (montagne de l’Anti-Liban) ; le Tabor est plus petit (588 m), mais il se dresse en Terre sainte (en Galilée).

Au v. 15, les mots « Amour » et « Vérité » forment une inclusion avec le v. 2 où l’on parlait de « l’amour de Yahvé » et de « [s]a vérité ». Au début du psaume, la vérité de Yahvé était établie dans les cieux, et Yahvé promettait d’établir la descendance de David et de lui bâtir un trône ; au v. 15, l’exercice fidèle de l’autorité est le moyen par lequel le propre trône de Yahvé est établi.

vv. 16-19 : nous quittons l’hymne au Créateur, mais nous ne sommes pas encore dans l’oracle messianique. Il n’est pas fait mention d’événements liés à l’Histoire, ou à la participation active de Yahvé dans l’Histoire, mais le peuple mentionné au v. 16 ne peut être que le peuple d’Israël, le peuple élu, bénéficiaire de l’Alliance, et au v. 19 on parle de Dieu comme du « Saint d’Israël ». Aux versets 18 et 19, nous avons l’apparition de la première personne du pluriel : « notre vigueur » ; « notre bouclier » ; « notre roi ». La puissance est exercée en Israël par le roi qui est le commandant en chef des armées. Même si nous avons vu que dans un certains sens il y a plusieurs saints, c’est-à-dire plusieurs dieux (cf. au v. 6 « l’assemblée des saints » ; au v. 8 le « conseil des saints ») ; dans un autre sens il n’y a qu’un Saint pour Israël, le Seigneur Dieu, Yahvé Sabaot.

vv. 20-28 : Le psaume continue en rappelant les promesses de Dieu envers David. Deux thèmes se retrouvent dans ces promesses. David sera délivré des ennemis qui l’attaquent ; et il sera victorieux quand il attaquera d’autres peuples.

Le début du v. 20 sert à introduire les versets 20 à 39 qui sont un discours de Yahvé à la première personne du singulier. Les fidèles du v. 20 sont Samuel, Gad et Natân qui sont tous liés à la vie de David. La façon dont Yahvé formule sa promesse est tout d’abord en termes d’assistance à un guerrier. L’expression « j’ai exalté » du v. 20 peut signifier à la fois que Dieu a fait monter David sur le trône et qu’il lui a donné la victoire sur ses ennemis au combat.

Comme le dit le v. 21, Yahvé a cherché quelqu’un parmi le peuple pour remplacer le roi Saül : « Yahvé s’est cherché un homme selon son cœur et il l’a institué chef de son peuple » (1 S 13,14) ; et c’est Samuel qui a oint David avec de l’huile (cf. 1 S 16). La puissance de Dieu qui s’est exprimée dans sa Création sera aussi à l’œuvre pour aider David. Le v. 26 « j’établirai sa main sur la mer et sur les fleuves sa droite » peuvent faire allusion à la Méditerranée d’une part et aux grands fleuves de l’Euphrate et du Tigre d’autre part, à moins qu’il s’agisse d’images renvoyant aux masses d’eaux qui marquent les bords de la terre. Yahvé est pour David le rocher de son salut.

2 S 7,14 et 1 Ch 17,13 ont la même formule d’adoption (« je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils ») qui concerne non pas David lui-même, comme dans notre psaume 89, mais les successeurs de David.

Être le premier-né n’est pas seulement un accident de naissance, le père peut choisir parmi ses fils son premier-né. David, qui est né cadet (cf. v. 20 « j’ai exalté un cadet de mon peuple ») est le premier-né de Yahvé, cela veut dire qu’il a un droit de regard sur tous les autres rois de la terre.

À suivre…

fr. Marc Leroy, o.p.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 17:07

 

 

 

 

 

 

Il faut nous rappeler que le titre de noblesse théologique central de Jésus est « le Fils ». Dans quelle mesure cette désignation était-elle déjà linguistiquement préfigurée dans la manière dont Jésus s'est présenté lui-même ?... Il est hors de doute qu'elle est la tentative de résumer par un mot l'impression générale que donnait sa vie ; l'orientation de sa vie, sa racine et son point d'aboutissement avaient pour nom « Abba » –- papa. Il savait qu'il n'était jamais seul ; jusqu'au dernier cri sur la croix il est tout entier tendu vers l'Autre, vers celui qu'il nomme Père. C'est ce qui a rendu possible que son véritable titre de noblesse ne soit finalement ni « Roi » ni « Seigneur » ni d'autres attributs de puissance, mais un mot que nous pourrions également traduire par « enfant ».

Nous pouvons donc dire que si l'enfance occupe une place si éminente dans la prédication de Jésus, c'est parce qu'elle est en lien étroit avec son mystère le plus personnel, sa filiation. Sa plus haute dignité, qui renvoie à sa divinité, n'est finalement pas une puissance possédée pour elle-même ; elle consiste dans le fait d'être tourné vers l'Autre –- vers Dieu le Père...

L'homme veut devenir Dieu (Gn 3,5) et il doit le devenir. Mais chaque fois que, comme dans l'éternel dialogue avec le serpent du Paradis, il essaie d'y parvenir en s'affranchissant de la tutelle de Dieu et de sa création pour ne plus s'appuyer que sur soi-même et s'installer soi-même, chaque fois que, en un mot, il devient tout à fait adulte, tout à fait émancipé, et qu'il rejette totalement l'enfance comme état de vie, il débouche sur le néant parce qu'il s'oppose à sa propre vérité qui est dépendance. Ce n'est qu'en conservant ce qu'il y a de plus essentiel à l'enfance et à l'existence de fils, vécue d'abord par Jésus, qu'il entre avec le Fils dans la divinité.

Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI]
Der Gott Jesu Christi (trad. Le Dieu de Jésus Christ, Fayard 1977, p.72)

 

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 09:37

 

 

 

 

 

 

 

 

II faut du temps, une trentaine d'années, pour que le Verbe se fasse chair. Quand Jésus se met à parler, que dit-il ? Que -se passe-t-il ? On évoquera dans cette série quelques modalités de la prise de parole de Jésus, en tant qu'elle est exemplaire d'un homme biblique et d'un homme en général. Vient un temps où un homme parle en son nom propre, où sa chair s'exprime dans la parole qu'il pose devant les autres. On n'abordera que certains aspects de cette réalité de la prise de parole, à la lumière des évangiles, de la Bible plus largement.

 

 

 

 

On prend la parole, selon la Bible, le plus souvent pour aborder ce que tout le monde sait, mais sur quoi il y a peu d'explications. Jésus n'affirme pas qu’il est le messie ; son entourage, ses pires ennemis, le savent de|a. Prendre la parole, c'est avant tout manifester sa personne.

 

Parler à Dieu

 

Dans un groupe biblique, un jour, une personne demandait : « Qu'est-ce que c'est donc ce fruit que Dieu n'a pus voulu donner à Adam, et pourquoi l'a-t-il interdit ? » Une autre personne dans le groupe répondit au questionneur : « Vous n'avez qu'à demander à Dieu ! » C'était, ma foi, une judicieuse réponse. Bien entendu, le texte énigmatique de Genèse 2 doit être questionné méthodiquement et les commentaires nombreux qui en ont été faits sont à consulter ; nous ne sommes pas les premiers à méditer sur ce passage. Il n'empêche que l'art du texte biblique est de faire tomber le lecteur en situation clé héros du texte. Si l'on parle d'Adam, c'est du lecteur que l'on parle, c'est lui qui est mis en scène. Pourquoi Adam n'a-t-il pas pris la parole devant Dieu pour lui demander des explications supplémentaires sur ce fruit interdît ? Peut-être pour les mêmes raisons que le lecteur de cette histoire ne prend pas la parole devant Dieu pour l'interroger sur le même sujet.

 

 

Le texte biblique met en œuvre différents procédés grâce auxquels le lecteur est requis comme interlocuteur et sa parole suscitée. Ou bien il parle à la suite du personnage dont le texte raconte l'histoire, ou bien il parle en ses lieu et place si les propos de celui-ci, pour diverses raisons, n'apparaissent pas dans le texte. Rien, bien entendu, n'est aussi simple que ce que j'esquisse en quelques phrases. Disons que la Bible ouvre tout particulièrement celle faculté, chez celui qui lit ou écoute, de devenir lui-même partie prenante du texte.

 

Comment entrer dans l'Écriture ?

 

Il faudrait tenter une typologie de ces procédés grâce auxquels le lecteur, à l'égal des personnages du livre, est invité à parler,
réagir, formuler, questionner, enquêter. Citons un exemple : ce que j'appellerais « l'outrance déplacée ».

 

 

Dieu mit Abraham à l'épreuve. (...) Il dit : "Prends ton Fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t'en au pays de Moriyya ; là, offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je te dirai" » (Genèse 22, 1-2).

 

 

À ce stade du texte biblique, la moitié des chapitres a été consacrée à Abraham ; il a été appelé par Dieu, a reçu à plusieurs reprises la promesse d'une descendance. Est-il envisageable que ces paroles de Dieu expriment le revirement soudain et pervers d'un Minotaure céleste qui a joué un bon tour, d'une cruauté sans nom, à celui qui avait mis en lui sa foi ? Non. En même temps, ces propos sont effectivement insoutenables. Ou bien le lecteur ferme le livre, ou bien il est contraint de parvenir à un registre du texte, que, si j'ose m'exprimer ainsi, Abraham lui-même a été obligé d'atteindre.
Comme le patriarche, il doit marcher pas à pas, ouvrant les yeux, quêtant les indices d'un sens que tout auparavant suggère, que rien cependant ne dévoile encore pleinement. Bref, un autre parle, qu'Abraham écoute, que le lecteur entend. Abraham va, vient, parle, prend des décisions ; il fait tout cela avec un mélange de méconnaissance et de compréhension. Un peu comme le lecteur qui, gardant des chapitres précédents l'impression d'un Dieu bon, patient, adapté à ceux qu'il aborde, se demande quand même ce qu'il veut dire en l'occurrence. Le texte provoque au commentaire. De fait, les rabbins d'autrefois se sont mis à commenter ce passage célébrissime en se mettant à la place d'Abraham (je mets en italiques les paroles bibliques de Genèse 22)

 

 

- « (Dieu) Prends ton fils.
- (Abraham) Mais j'ai deux fils. Lequel dois-je prendre ?
- (Dieu) Ton unique.
- (Abraham) Mais chacun est l'unique de sa mère.
- (Dieu) Celui que tu aimes.
- (Abraham) Mais je les aime tous les deux »...

 

 

Et ainsi de suite, le tout avec des remarques philologiques et grammaticales fines et objectives. L'objectivité du commentaire intègre donc la subjectivité du commentateur. Ce dernier garde son statut de lecteur, à distance du livre et des « faits » qui y sont rapportés. Il est en même temps impliqué dans ce qui est écrit, au point de s'approprier la conversation amorcée clans la Bible entre Abraham et Dieu.

 

Le frère Philippe, agrégé et docteur ès lettres, est professeur d'Écriture sainte à l'université de Fribourg (Suisse).

 

 

Partager cet article
Repost0